L’immobilier est décidemment un domaine qui fascine beaucoup en France (j’en sais personnellement quelque chose). Ce n’est donc pas étonnant que certains essayent d’en faire leur métier. Notamment sur internet, ce qui est logique, car internet est un outil qui est devenu pratiquement indispensable pour la recherche d’un bien immobilier, mais aussi pour sa vente ou sa mise en location.
Les idées ne manquent pas, et l’une des plus récentes est de créer des sites d’immobilier « inversé ». Si dans un site classique d’annonces immobilières les vendeurs publient leur bien et les acheteurs effectuent des recherches parmi toutes les annonces selon leurs critères, pour un site « inversé » c’est tout le contraire. C’est l’acquéreur qui « publie » ses critères de recherche et ce sont les vendeurs (essentiellement des agences) qui le contactent si leur bien correspond à ses critères de recherche. Ce qui ne change pas, c’est que le service est toujours gratuit pour l’acquéreur et payant pour le vendeur. Il existe plusieurs sites de ce type, dont http://www.immoinverse.com/, qui se revendique leader du marché, mais aussi http://www.alertagences.fr. L’avantage que ces sites mettent en avant sont le gain de temps pour l’acquéreur (on ne passe plus son temps à éplucher des annonces) mais aussi pour l’agence (on n’a à faire à priori qu’à des gens motivés et dont la recherche est ciblée et correspond réellement au bien en vente).
Si l’idée de ce type de site est nouvelle et originale, je ne pense malheureusement pas qu’elle soit aussi bonne que cela. La principale chose qui me gêne, c’est que cela rajoute encore de l’opacité sur un marché qui en France est déjà assez opaque. Contrairement à d’autres pays, tel les Etats-Unis, ou lorsque vous cherchez un logement, vous allez sur un site comme http://www.zillow.com et en un clic vous découvrez l’ensemble des biens en vente, avec l’adresse précise, la description détaillée, les photos, mais aussi l’historique des transactions sur le bien avec les prix réels de vente, le montant des impôts locaux sur les années précédentes, les prix des propriétés voisines, la qualité des écoles des environs, etc.
En France, avec des sites type seloger.com on n’a presque rien de tout cela. Il n’y a pratiquement jamais d’adresse précise, et la description ou les photos (souvent un bout de canapé ou un morceau de fenêtre) permettent rarement d’identifier le quartier ou même le type du bien, de peur sans doute qu’un autre agence puisse identifier le bien et rafler la transaction. Le résultat est un nombre incalculable de visites qui n’auraient normalement jamais lieu si le candidat acquéreur disposait de plus d’informations dans l’annonce.
Avec les sites d’immobilier inversé on fait un pas de plus dans l’opacité : l’acquéreur n’a même plus accès à la liste des biens en vente, mais seulement à ceux qu’on veut bien lui proposer. Quant au prix, il ne peut plus rien comparer. Il pourrait ainsi acquérir un bien qui correspond à ses critères et à son prix, même si celui-ci est supérieur à celui du marché !
En bref, je ne peux pas souhaiter le succès de ce type de site (et je ne pense d’ailleurs pas que ce modèle aura un grand succès commercial). Je ne désespère pas qu’à leur de l’internet, de la géolocalisation et des réseaux sociaux, le marché immobilier français finira par devenir un peu plus transparent. Même si cela implique des changements de mentalité, mais probablement aussi de législation. Avec un nouveau gouvernement, qui sait, le moment est peut-être venu…